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Aaricia Lemaire est une comédienne belge dont la carrière est en constante émergence. Depuis sa première apparition dans la série “Ici Tout Commence” il y a maintenant un peu plus d’un an, l’interprète de Carla Furiani a très vite su trouver sa place dans le cœur du public créant ainsi un lien intergénérationnel entre les téléspectateurs et son personnage.
En mars dernier, j’ai eu la chance d’écrire un article pour le magazine sur la relation qu’entretient son personnage Carla avec Bérénice Leblond (interprétée par Bérénice Tannenberg). Après quelques mois et après de nombreuses superbes conversations avec la team RTR, j’ai eu le privilège de m’entretenir avec Aaricia Lemaire lors d’un échange téléphonique concernant son rôle ainsi que ses futurs projets.
De ses débuts de parcours en tant que comédienne, à ses espoirs concernant le futur de son personnage, Aaricia nous entraîne avec générosité au cœur de ses pensées et inutile de vous préciser que ce fut pour nous, une joie de l’écouter.
Candice Dupire: Quand et comment a commencé votre parcours?
Aaricia Lemaire: Donc moi je suis originaire de Belgique, je suis partie après le bac et l’équivalent de la terminale en Belgique. Je suis partie à Paris pour faire les cours Florent. (école de théâtre). J’ai fait mes trois ans d’étude, je suis restée un petit peu à Paris pour travailler puis j’ai rencontré mon agent, Kartal Temel. J’ai pu faire quelques pièces de théâtre et puis aussi une série pour M6 qui s’appelle “L’homme De Nos Vies” où j’avais le rôle d’Agathe. Ensuite, l’aventure ITC a démarré. J’ai pu commencer à incarner le rôle de Carla et ça fait maintenant un an que Carla prend beaucoup de place dans ma vie avec beaucoup de bonheur.
CD: Jouer dans une série quotidienne comme celle-ci vous permet de toucher à plusieurs émotions, si ce n’est toutes les émotions et parfois même aller au-delà de vos limites. Qu’est-ce qui est le plus enrichissant pour vous pour ce premier rôle majeur à la télévision?
AL: Beaucoup de choses m’enrichissent avec ce rôle. Le fait qu’on puisse tenir celui-ci sur une aussi longue durée, on peut effectivement créer une palette extrêmement riche de jeu. En effet, on fait exister un personnage complet qui va être amené à vivre beaucoup de choses. C’est presque une deuxième vie qu’on met en scène et c’est très enrichissant de développer cette palette-là.
Le rythme de la quotidienne est quand même assez soutenu et enrichissant puisque l’on tourne quand même l’équivalent d’un épisode par jour, ça demande une forme d’adaptabilité et une force de réaction à avoir avec ce rythme. On apprend assez vite à devoir jongler avec toutes ces émotions et de faire la rencontre de notre personnage très rapidement. C’est aussi ça la richesse de la quotidienne en tout cas, en tant que comédienne c’est assez énorme et multiple.
On l’a vu avec l’arche d’été où c’est quand même des émotions fortes, des situations totalement extrêmes qui nous sont présentées.
Effectivement, on dépasse certaines de nos limites puisque là, c’est dans de la pure composition. En tout cas pour ma part, ça ne m’est jamais arrivé d’être traquée dans les bois. (rires)
CD: Avez-vous un rituel qui vous aide à mieux préparer votre personnage avant le début du tournage?
AL: Avant chaque journée, on a quand même un temps de préparation qui fait office pour moi de rituel parce que la garde-robe de Carla ainsi que sa mise en beauté sont très différentes de moi. Rien que le fait d’enfiler ses vêtements, d’adopter son brushing et son maquillage, c’est déjà un grand temps de concentration et je dirais, de mise en peau du personnage. Alors oui, il y a aussi des petits réflexes pour se mettre dans le rôle, comme au niveau de la voix par exemple. Je ne m'exprime pas pareil, je sais que le ton de ma voix change légèrement quand je l’incarne. Ce sont des petites choses qui me dissocient vraiment de Carla et qui me font rentrer totalement dans sa vie et dans sa peau.
CD: Carla a beaucoup évolué en un an. Quel est pour vous l’aspect le plus important jusqu’ici de son évolution et comment souhaiteriez-vous la voir évoluer dans le futur?
AL: Je pense que l’évolution la plus importante, même si elle garde un caractère bien trempé, c’est quand même son rapport aux autres et ses rencontres. Je dirais que c’est vraiment ça qui a tout fait basculer.
C’est la métamorphose la plus importante chez Carla, que ce soit avec ce bébé qu’elle n’aura jamais rencontré, sa maman qu’elle a rencontré malgré elle: sa mère biologique, Bérénice, Souleymane qui reste un ami fidèle et important dans son histoire. Elle a finalement réussi à s’ouvrir, chose qu’elle n’avait jamais faite avant l’institut, dans son lycée etc. En tout cas, c’est ce que je me suis racontée.
Ce qui est assez flagrant dans son histoire et dans son caractère, c’est qu’elle a réussi à percer un peu sa carapace et même vis-à-vis de ses parents adoptifs. Elle l’a laissée tomber pas mal de fois finalement et surtout elle a compris elle-même pourquoi elle avait cette carapace. Je pense qu’elle a appris à beaucoup mieux se connaître grâce à ces rencontres, grâce à ces relations-là. Ainsi qu’à cacher certaines idées peut être même arrêter ses idées qu’elle avait sur elle-même, sur les autres et à se découvrir une force de femme.
J’aimerais qu’elle devienne plus femme tout en gardant son caractère mais on sent que du haut de ses 19 ans, elle a laissé tomber pas mal d’attraits adolescents voire adulescents au profit d’un caractère plus affirmé d’adulte, de femme.
Et, ça c’est ce que j’aimerais voir chez elle, qu’elle garde évidemment ses qualités, ses défauts et son caractère qu’on adore, son franc-parler, son discernement aussi, parce qu’elle est assez futée. Elle a un bon instinct, on l’a constaté pas mal de fois avec les choses et les gens qui l’entourent. J’aimerais qu’elle continue à cultiver le fait qu’elle soit nuancée et complexe parce que je trouve qu’elle l’est. Mais peut-être un peu moins adolescent, un peu plus femme.
CD: La relation entre Bérénice et Carla est devenue rapidement importante au sein de la communauté LGBTQIA+ à travers le monde, entre autres parce qu’il est si facile de s’identifier aux personnages. Est-ce que l’impact de cette relation est quelque chose dont vous êtes consciente quand vous tournez la série?
AL: Alors au tout début, non, au moment où ce n'était pas encore diffusé, je pense que je n'avais pas du tout conscience de l’ampleur que ça allait avoir. Ce fut également une très belle surprise surtout de voir le bien que ça a fait aux autres aussi. Évidemment, maintenant j’en suis très heureuse, on le prend beaucoup plus en considération. Ça a été un grand travail mais il est vrai qu'au début ça m'a un peu dépassée. J'avais du mal à comprendre que ça allait jusqu'à l'international et qu'on devenait une certaine représentation qui était nécessaire.
J'ai pu, au fur et à mesure des mois, avoir pas mal de témoignages de personnes qui ont été bouleversées, chamboulées et heureuses d'être représentées et cela me nourrit beaucoup. C'est une magnifique surprise de voir l'impact que ça a et les retours du public. C’est assez beau et important de voir que ce couple est solide, même dans le cœur des spectateurs.
Carla qui à la base est hétérosexuelle, se voit tomber amoureuse et être totalement éprise de sa meilleure amie doit aussi comprendre ce qui se passe en elle. C’est une surprise dans sa vie, et je dirais même un chamboulement, j'ai été très touchée de recevoir beaucoup de témoignages similaires à son histoire. Quel bonheur de voir son parcours à l'écran et d'avoir tous ces retours.
Avant même de comprendre l’impact que ça allait avoir, j'ai pu travailler cette relation comme deux personnes qui s'aiment avant tout. Si cela a pu aider à participer au succès du couple, c’est vraiment génial! On a traité ça comme une histoire d’amour, avant même de dire que c’était deux filles. La complémentarité des deux personnalités et ce coup de foudre était inévitable.
CD: Je pense que c’est ce qui s'est fait le plus ressentir pour les téléspectateurs, c'est que ça a vraiment été traité comme une histoire d'amour et ça s’est ressenti à travers votre jeu et celui de Bérénice Tannenberg également.
AL: Tant mieux parce que c'était aussi un peu l'objectif.
CD: Avec qui souhaiteriez-vous travailler si l’occasion se présente?
AL: Je suis friande de tout type de projets et surtout, d’un maximum de rencontres et de partenaires. Que ce soit dans le théâtre, pour d'autres séries à la télé, sur des plateformes et au cinéma. J'avoue que je suis jeune, et que j’ai une grande soif de défendre et d'incarner tout type de rôle d'histoire ainsi que des choses qui font du bien, qui font rêver, et qui font réagir.
Évidemment pour la petite anecdote, un réalisateur avec qui ce serait quand même un rêve de travailler parce que j'ai découvert ses films assez jeune et que je suis totalement admirative de son travail. Je le trouve totalement perché, tellement ancré, c’est Tarantino. J'adore ce qu'il fait, je trouve qu'il a une sensibilité hors-pair et il sait aborder tellement de sujets universels et magnifiques.
Après, j'ai découvert Nikita avec Anne Parillaud, c'est pour moi une actrice phénoménale. C'est vrai que si un jour je peux travailler avec ce genre de personnes évidemment, ce serait génial. Je pense que chacun, dans l'art, à quelque chose à apporter.
CD: Le théâtre fait aussi partie de votre vie. Est-ce quelque chose que vous aimeriez faire davantage?
AL: Oui, le théâtre c'est quelque chose que je veux absolument garder toute ma vie. C'est vraiment là où j'ai l'impression de retrouver des sensations qui sont les plus fortes pour moi. Pour l'instant, je suis encore très jeune, mais celles que j'ai réellement vécues étaient sur un plateau de théâtre. Je trouve qu'il y a une complétude dans ces moments sur scène, qui frôle la magie. Je chéris ce rapport direct avec le public. Je pense que quand on a approché ces sensations-là, c'est un petit peu addictif.
Le travail à la caméra, quant à lui, a également quelque chose de tout à fait unique et différent. Ce ne sont pas les mêmes outils, les mêmes finalités ni la même expérience autant pour les comédiens que pour les spectateurs.
Dans le spectacle, il y a un rapport à l'instant qui est très précieux. C'est quelque chose d'une grande responsabilité et qui, pour moi, procure des sensations inégalables. Et ça, c'est quelque chose que je veux continuer à cultiver.
Je ne peux pas encore trop en parler, mais en parallèle avec Ici Tout Commence, il va y avoir une pièce dans laquelle je vais faire partie. Je suis très heureuse de pouvoir faire les deux.
CD: Avez-vous des projets que vous souhaiteriez réaliser avant la fin d'année?
AL: Il y a plusieurs choses. Déjà, j'aimerais réussir à déceler des nouvelles choses chez Carla et à la faire grandir. C’est vraiment un objectif avant la fin d'année, c'est de sentir que je passe encore une nouvelle étape dans ma relation avec elle.
Il y a aussi cette fameuse pièce de théâtre dont je vous parle. J'aimerais aussi, pourquoi pas, me pencher sur l'écriture, peut être l'écriture d'un premier court métrage, j'aimerais en tout cas me confronter à cet exercice à l'avenir.
Je suis aussi curieuse de la réalisation, j'avais réalisé un premier court métrage pour un festival, c'était vraiment un test ou j'ai compris que c'était un exercice extrêmement difficile et un vrai métier, mais pour l’instant ce n'est pas dans mes priorités. Je serais curieuse d’approfondir ce côté-là pour compléter mon expérience actuelle et explorer certaines choses avant la fin d'année. Et puis, continuer le chemin mouvementé des castings. Ça aussi c’est prévu, bien sûr.
Après cet entretien, on en conclura donc que Carla Furiani n’a pas fini de nous surprendre.
Si cette dernière à autant de succès auprès des téléspectateurs, ce n’est pas uniquement dû à son caractère que nous adorons mais aussi grâce au talent indéniable d’Aaricia, qui est dotée d’un parcours et d’une palette de jeu qui ne cesse d'évoluer.
En apprendre davantage sur la mise en peau de Carla a été pour nous un réel plaisir mais ça l’était d’autant plus de découvrir les ambitions d’Aaricia, que ce soit dans l'interprétation de son personnage ou dans ses futurs projets.
Une chose est sûre, nous suivons Carla depuis un peu plus d’un an déjà et nous avons hâte de voir où Aaricia Lemaire nous emmènera.
Ecriture: Candice Dupire
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